Les émotions : une richesse de notre personnalité

Imaginez votre vie sans émotions : pas de joie débordante, pas d’angoisse, ni de peurs. Plus de battements de cœur ou de sueurs froides, plus de surprise , ou d’émerveillement, ni de tristesse... Reconnaissons que la vie serait monotone. Les émotions font partie de notre nature humaine.
Elles alimentent notre sensibilité, enrichissent notre personnalité, nous permettent d'entrer en communication avec les autres.

Dans le monde du travail…
L’intelligence émotionnelle : composante de réussite ?

Intelligence emotionnelle

"Les règles du travail sont en train de changer. Il n’y va plus seulement de notre intelligence, de notre formation ou de nos compétences ; désormais, dans l’entreprise, on nous évalue aussi sur la qualité de notre rapport à nous-mêmes et aux autres."
La nouvelle évaluation fait abstraction de la plupart des capacités scolaires. Elle considère comme acquis les aptitudes intellectuelles et le savoir-faire technique requis pour notre travail. En revanche, elle cible les qualités personnelles comme l’initiative et l’empathie, l’adaptabilité et la capacité à convaincre.
Le sérieux de ces critères résulte d’études conduites sur des dizaines de milliers de salariés occupant les postes les plus divers. Nous disposons enfin d’une compréhension plus précise de ces talents humains diversement reconnus et nommés depuis des décennies (le caractère, la personnalité) et d’un nom pour les définir : l’intelligence émotionnelle.

C’est ainsi que commence le dernier ouvrage du psychologue américain Daniel Goleman, “l’Intelligence émotionnelle, volume 2”, fruit d’une enquête internationale de trois ans.
Dans le premier volume publié en 1997 – best-seller aux Etats-Unis et en France –, il remettait déjà en question la pertinence du QI (Quotient intellectuel) comme principal facteur de réussite professionnelle, et insistait sur l’importance, pour chacun, de développer des compétences telles que la conscience et la maîtrise de soi, la motivation, la persévérance, le respect d’autrui, l’aisance sociale…

Cadre heureux
Toutes les formes de management visent à améliorer l’organisation et la rentabilité des structures.
Selon la culture des entreprises (entreprises paternalistes, culture du résultat…) et/ou le climat économique conjoncturel, la part de prise en compte de l’humain peut prendre une forme plus ou moins importante dans les techniques de management et de décisions de l’entreprise.
Cependant, un nombre croissant de chefs d’entreprises réalise aujourd’hui le rôle essentiel d’un climat émotionnel de qualité sur la productivité et les profits de l’entreprise.

Les émotions commencent à être réhabilitées, et considérées comme un outil de management.
Pour un dirigeant à l’écoute, il s’agit d’une source d’informations supplémentaires permettant de faire des diagnostics et prendre des mesures stratégiques.
Ainsi, le profil émotionnel de candidats ou de collaborateurs, peut faire partie des critères de décisions, lors d’un recrutement, ou d’une évolution de fonction.

  • « les bonnes émotions », comme la joie, l’enthousiasme, contribuent à l'atteinte des objectifs de l'entreprise, en nourrissant la motivation, l’implication, le désir de réussite, et en favorisant la créativité, l’entraide et la collaboration,

Joie

  • Par contre, les « les mauvaises émotions », comme la peur, la colère, la tristesse, peuvent être considérées comme « nuisibles », dans la mesure où elles peuvent susciter des comportements improductifs et/ou d’agressivité, d’apathie, de stress ou de jalousie...

Inquiet Stressé

Cependant, même si ces « mauvaises émotions » n’ont pas forcément bonne presse, il reste intéressant de constater qu’elles peuvent, parfois, s’avérer constructives : on peut se trouver d’autant plus motivé à réagir efficacement pour remédier à une situation jugée inacceptable (en situation de peur, ou de colère par exemple). Tout est question d’équilibre.

Nos émotions peuvent-elles nous aider à mieux appréhender notre quotidien ?

Ne pas étouffer ses émotions
Geiser
Les émotions sont là, quoi qu'on fasse, et se manifestent, malgré nous ; c'est comme une force qui est en nous pour le meilleur et pour le pire. Nous n'avons donc pas le choix : soit on les subit, soit on les pilote.
Il est, en effet, souvent considéré comme indécent de se donner en spectacle, de ne pas résorber sa colère, ses peurs, sa tristesse. Toute manifestation affective intempestive est jugée inconvenante, infantile, voire ridicule, ou pourra être perçue comme une marque de faiblesse ou de fragilité psychologique.
Ceci nous contraint donc à contenir nos émotions.

Cela peut procurer un certain " confort " psychique : les affects sont tempérés, régulés, leur poids s’atténue.
A l'inverse, on risque une importante frustration, et surtout une distance nocive entre ce que l’on est et ce que l’on fait.
Il n’est donc pas conseillé de nier, ou de chercher à étouffer nos émotions, comme on visse un couvercle sur une marmite en ébullition. Tôt ou tard, cette émotion inhibée risque de resurgir de façon inattendue et inappropriée : Vous n'osez jamais dire à votre ami, collègue, famille, que quelque chose vous déplaît, et vous accumulez le ressentiment jusqu'au jour où la colère explose, au grand désarroi de votre entourage.

Analyser et exprimer ses émotions

Ecoute2
Les émotions sont de très bons "starters" pour identifier ce qui ne va pas. C'est pour cela qu'il faut toujours les écouter.
L'idéal serait d'exprimer sincèrement, et calmement ses émotions. En commençant par les identifier : en prenant le temps d'analyser les sentiments ou impressions qui nous habitent. On peut prendre du recul et s'interroger : Pourquoi suis-je si énervée ce matin ? Pourquoi ce sentiment d'agressivité lorsque je vois telle personne ? Pourquoi suis-je si ému(e) quand je vais dans ce lieu ? …
Lorsque j'aurai mieux cerné mon émotion, il sera temps alors de l'exprimer à quelqu'un : un ami, un médecin, un membre de la famille... Le fait de pouvoir parler et mettre des mots sur une émotion souvent passagère va permettre de laisser échapper la tension retenue sous le couvercle de la marmite : la parole libère et apaise.

Les émotions n’ont pas tous les droits !

limites
Mais je respecte aussi mon libre-arbitre. Une fois que les émotions ont joué leur rôle de signal d'alarme pour nous indiquer ce qui ne va pas, il ne faut pas que ce soient elles qui gèrent l'affaire jusqu'au bout ; l'esprit doit reprendre le contrôle pour déterminer de la réponse appropriée à l'incident. Il faut apprendre à faire la différence entre la situation, l'émotion, et les pensées. C'est ainsi que l'on pourra augmenter sa capacité de choix : est-ce que j'exprime mes sentiments ou non ? A quel moment ? Comment ? Et dans quel but ?
Ceci permet aussi de remettre nos émotions à leur juste place : elles ne sont pas tout. Il y a en nous bien d'autres dimensions et potentialités : l'intelligence et la raison, la volonté, la vie affective et relationnelle, le corps, les choix éthiques, les projets...
C'est pourquoi on ne peut pas se laisser guider uniquement par ses émotions. Je peux ressentir une forte colère contre mon patron, et partir en claquant la porte, mais est-ce une bonne idée ? On peut aussi se laisser emporter par la tristesse, le ressentiment, l'enthousiasme, l'émotion amoureuse, la nostalgie, etc. Les résultats ne sont pas toujours brillants : coups de colère, coups de gueule, coups de cafard, coups de foudre, coups de folie... nous emmènent souvent là où nous ne voulions pas aller.

Les émotions et la vie relationnelle
Cette bonne "gestion" des émotions est capitale dans nos relations avec les autres. Ces relations peuvent être sources de nombreuses émotions, positives ou négatives. Celui ou celle qui ne manifeste jamais aucune émotion risque d'avoir des difficultés à trouver un équilibre personnel et relationnel.
Mais inversement, celui qui réagit "au quart de tour" et renvoie sur les autres la moindre émotion, risque d'agresser inutilement ses proches et de provoquer des conflits et des malentendus douloureux.

Il me semble difficile, pourtant, de ne pas replacer ce billet dans le contexte économique actuel.

Ces temps de crise sont difficiles, beaucoup d’emplois sont menacés.
Pire encore, dans ce contexte morose, les médias font l’écho régulièrement d’entreprises qui sacrifient bon nombre d’emplois pour un meilleur profit, ou en distribuant des parachutes dorés à leurs dirigeants sur le départ…

Développer un bon climat émotionnel pour le bien de l’entreprise et le bien-être des collaborateurs est une bonne chose.
A l’inverse, seuls des engagements réciproques et équilibrés sont pérennes.

On peut comprendre que la déception de collaborateurs qui perdent brutalement leur emploi, soit directement proportionnelle à l’injustice ressentie, eu égard aux efforts et à l’investissement personnel consentis, parfois pendant de longues années…
Si on les a toujours encouragés à AGIR, à aller de l’avant… il leur devient impossible de SUBIR des décisions qui les dépassent, et de s’arrêter net.
Au-delà du manque de reconnaissance, quid des réactions humaines, encouragées par le phénomène de groupe, largement relayées par les médias, face à ce sentiment violent d’injustice, et aux risques avérés de précarité ?

Il faut alors savoir prendre beaucoup de recul pour réagir au mieux, et maîtriser intelligemment ces émotions fortes, qui sont malheureusement bien réelles… et humaines… !