Quelle est la place des émotions dans notre vie personnelle et professionnelle ?
Par isabelle roure le lundi, avril 13 2009, 18:49 - Développement personnel - Lien permanent
Les émotions font partie intégrante de notre vie.
Elles sont indissociables de l’élaboration de nos pensées et de nos comportements, et impactent, au quotidien, notre mode de communication.
Mais, de quoi parlons-nous exactement ?
Définition: " L’émotion est un trouble, une agitation passagère ou un état affectif intense, caractérisé par une brusque perturbation physique et mentale. "
Les émotions : une richesse de notre personnalité
Imaginez votre vie sans émotions : pas de joie débordante, pas d’angoisse, ni de peurs. Plus de battements de cœur ou de sueurs froides, plus de surprise , ou d’émerveillement, ni de tristesse... Reconnaissons que la vie serait monotone. Les émotions font partie de notre nature humaine.
Elles alimentent notre sensibilité, enrichissent notre personnalité, nous permettent d'entrer en communication avec les autres.
Dans le monde du travail…
L’intelligence émotionnelle : composante de réussite ?
"Les règles du travail sont en train de changer. Il n’y va plus seulement de notre intelligence, de notre formation ou de nos compétences ; désormais, dans l’entreprise, on nous évalue aussi sur la qualité de notre rapport à nous-mêmes et aux autres."
La nouvelle évaluation fait abstraction de la plupart des capacités scolaires. Elle considère comme acquis les aptitudes intellectuelles et le savoir-faire technique requis pour notre travail. En revanche, elle cible les qualités personnelles comme l’initiative et l’empathie, l’adaptabilité et la capacité à convaincre.
Le sérieux de ces critères résulte d’études conduites sur des dizaines de milliers de salariés occupant les postes les plus divers. Nous disposons enfin d’une compréhension plus précise de ces talents humains diversement reconnus et nommés depuis des décennies (le caractère, la personnalité) et d’un nom pour les définir : l’intelligence émotionnelle.
C’est ainsi que commence le dernier ouvrage du psychologue américain Daniel Goleman, “l’Intelligence émotionnelle, volume 2”, fruit d’une enquête internationale de trois ans.
Dans le premier volume publié en 1997 – best-seller aux Etats-Unis et en France –, il remettait déjà en question la pertinence du QI (Quotient intellectuel) comme principal facteur de réussite professionnelle, et insistait sur l’importance, pour chacun, de développer des compétences telles que la conscience et la maîtrise de soi, la motivation, la persévérance, le respect d’autrui, l’aisance sociale…
Toutes les formes de management visent à améliorer l’organisation et la rentabilité des structures.
Selon la culture des entreprises (entreprises paternalistes, culture du résultat…) et/ou le climat économique conjoncturel, la part de prise en compte de l’humain peut prendre une forme plus ou moins importante dans les techniques de management et de décisions de l’entreprise.
Cependant, un nombre croissant de chefs d’entreprises réalise aujourd’hui le rôle essentiel d’un climat émotionnel de qualité sur la productivité et les profits de l’entreprise.
Les émotions commencent à être réhabilitées, et considérées comme un outil de management.
Pour un dirigeant à l’écoute, il s’agit d’une source d’informations supplémentaires permettant de faire des diagnostics et prendre des mesures stratégiques.
Ainsi, le profil émotionnel de candidats ou de collaborateurs, peut faire partie des critères de décisions, lors d’un recrutement, ou d’une évolution de fonction.
- « les bonnes émotions », comme la joie, l’enthousiasme, contribuent à l'atteinte des objectifs de l'entreprise, en nourrissant la motivation, l’implication, le désir de réussite, et en favorisant la créativité, l’entraide et la collaboration,
- Par contre, les « les mauvaises émotions », comme la peur, la colère, la tristesse, peuvent être considérées comme « nuisibles », dans la mesure où elles peuvent susciter des comportements improductifs et/ou d’agressivité, d’apathie, de stress ou de jalousie...
Cependant, même si ces « mauvaises émotions » n’ont pas forcément bonne presse, il reste intéressant de constater qu’elles peuvent, parfois, s’avérer constructives : on peut se trouver d’autant plus motivé à réagir efficacement pour remédier à une situation jugée inacceptable (en situation de peur, ou de colère par exemple). Tout est question d’équilibre.
Nos émotions peuvent-elles nous aider à mieux appréhender notre quotidien ?
Ne pas étouffer ses émotions
Les émotions sont là, quoi qu'on fasse, et se manifestent, malgré nous ; c'est comme une force qui est en nous pour le meilleur et pour le pire. Nous n'avons donc pas le choix : soit on les subit, soit on les pilote.
Il est, en effet, souvent considéré comme indécent de se donner en spectacle, de ne pas résorber sa colère, ses peurs, sa tristesse. Toute manifestation affective intempestive est jugée inconvenante, infantile, voire ridicule, ou pourra être perçue comme une marque de faiblesse ou de fragilité psychologique.
Ceci nous contraint donc à contenir nos émotions.
Cela peut procurer un certain " confort " psychique : les affects sont tempérés, régulés, leur poids s’atténue.
A l'inverse, on risque une importante frustration, et surtout une distance nocive entre ce que l’on est et ce que l’on fait.
Il n’est donc pas conseillé de nier, ou de chercher à étouffer nos émotions, comme on visse un couvercle sur une marmite en ébullition. Tôt ou tard, cette émotion inhibée risque de resurgir de façon inattendue et inappropriée : Vous n'osez jamais dire à votre ami, collègue, famille, que quelque chose vous déplaît, et vous accumulez le ressentiment jusqu'au jour où la colère explose, au grand désarroi de votre entourage.
Analyser et exprimer ses émotions
Les émotions sont de très bons "starters" pour identifier ce qui ne va pas. C'est pour cela qu'il faut toujours les écouter.
L'idéal serait d'exprimer sincèrement, et calmement ses émotions. En commençant par les identifier : en prenant le temps d'analyser les sentiments ou impressions qui nous habitent. On peut prendre du recul et s'interroger : Pourquoi suis-je si énervée ce matin ? Pourquoi ce sentiment d'agressivité lorsque je vois telle personne ? Pourquoi suis-je si ému(e) quand je vais dans ce lieu ? …
Lorsque j'aurai mieux cerné mon émotion, il sera temps alors de l'exprimer à quelqu'un : un ami, un médecin, un membre de la famille... Le fait de pouvoir parler et mettre des mots sur une émotion souvent passagère va permettre de laisser échapper la tension retenue sous le couvercle de la marmite : la parole libère et apaise.
Les émotions n’ont pas tous les droits !
Mais je respecte aussi mon libre-arbitre. Une fois que les émotions ont joué leur rôle de signal d'alarme pour nous indiquer ce qui ne va pas, il ne faut pas que ce soient elles qui gèrent l'affaire jusqu'au bout ; l'esprit doit reprendre le contrôle pour déterminer de la réponse appropriée à l'incident.
Il faut apprendre à faire la différence entre la situation, l'émotion, et les pensées. C'est ainsi que l'on pourra augmenter sa capacité de choix : est-ce que j'exprime mes sentiments ou non ? A quel moment ? Comment ? Et dans quel but ?
Ceci permet aussi de remettre nos émotions à leur juste place : elles ne sont pas tout. Il y a en nous bien d'autres dimensions et potentialités : l'intelligence et la raison, la volonté, la vie affective et relationnelle, le corps, les choix éthiques, les projets...
C'est pourquoi on ne peut pas se laisser guider uniquement par ses émotions. Je peux ressentir une forte colère contre mon patron, et partir en claquant la porte, mais est-ce une bonne idée ? On peut aussi se laisser emporter par la tristesse, le ressentiment, l'enthousiasme, l'émotion amoureuse, la nostalgie, etc. Les résultats ne sont pas toujours brillants : coups de colère, coups de gueule, coups de cafard, coups de foudre, coups de folie... nous emmènent souvent là où nous ne voulions pas aller.
Les émotions et la vie relationnelle
Cette bonne "gestion" des émotions est capitale dans nos relations avec les autres. Ces relations peuvent être sources de nombreuses émotions, positives ou négatives. Celui ou celle qui ne manifeste jamais aucune émotion risque d'avoir des difficultés à trouver un équilibre personnel et relationnel.
Mais inversement, celui qui réagit "au quart de tour" et renvoie sur les autres la moindre émotion, risque d'agresser inutilement ses proches et de provoquer des conflits et des malentendus douloureux.
Il me semble difficile, pourtant, de ne pas replacer ce billet dans le contexte économique actuel.
Ces temps de crise sont difficiles, beaucoup d’emplois sont menacés.
Pire encore, dans ce contexte morose, les médias font l’écho régulièrement d’entreprises qui sacrifient bon nombre d’emplois pour un meilleur profit, ou en distribuant des parachutes dorés à leurs dirigeants sur le départ…
Développer un bon climat émotionnel pour le bien de l’entreprise et le bien-être des collaborateurs est une bonne chose.
A l’inverse, seuls des engagements réciproques et équilibrés sont pérennes.
On peut comprendre que la déception de collaborateurs qui perdent brutalement leur emploi, soit directement proportionnelle à l’injustice ressentie, eu égard aux efforts et à l’investissement personnel consentis, parfois pendant de longues années…
Si on les a toujours encouragés à AGIR, à aller de l’avant… il leur devient impossible de SUBIR des décisions qui les dépassent, et de s’arrêter net.
Au-delà du manque de reconnaissance, quid des réactions humaines, encouragées par le phénomène de groupe, largement relayées par les médias, face à ce sentiment violent d’injustice, et aux risques avérés de précarité ?
Il faut alors savoir prendre beaucoup de recul pour réagir au mieux, et maîtriser intelligemment ces émotions fortes, qui sont malheureusement bien réelles… et humaines… !
Commentaires
Merci pour cet article, je recommande "L’intelligence émotionnelle" , un de mes ouvrages préférés dans la thématique du développement personnel
Je viens de lire ton commentaire sur mon blog.
Je serais ravie de connaître ton expérience dans le portage salarial et d'apprendre davantage sur ce système.
Merci d'avance pour ton aide et tes conseils.
Cet article me plait. Déjà parcequ'il existe. Puis par son contenu : en management il faut tenir compte des émotions. Certains extériorisent beaucoup, d'autres très peu. Le plus difficile est avec ceux qui s'expriment de façon irrégulière. J'ai rencontré un salarié qui m'a dit que je lui avait donné une giffle plus forte que celles qui l'avait reçues de ses parents. Un mois aprés il n'avait pas l'air de s'en souvenir...
Bonjour.
Cet article est très intéressant, fellicitation.
De plus, tob blog est très bien présenté, du travail de pro.
J'ai vu que tu avais posé une question sur le mien, je te répondrai aujourd'hui
Voilà un billet qui m'intéresse beaucoup. Je reviens plus tard pour un commentaire plus long.
@ + Pierre-Antoine
Ce billet sur les émotions est excellent. Il rappelle que les émotions font partie de mon humanité. Mon émotion je suis capable de la lire sur le visage de l'autre et ce que je lis se réfléchit sur ce que j'éprouve moi-même. Je suis un humain, un être unique parce que je suis capable de connaître ce qu’éprouve mon frère en humanité, la haine ou l'amour, à travers ma propre émotion et de l’exprimer.
Mes émotions ? Je dois faire avec. Composer. Les apprivoiser. Les domestiquer. Les laisser s'exprimer. Pas facile. Surtout que mes émotions sont liées à la situation que je vis ici et maintenant ou que je vivrai dans une heure, demain... et qu'elles sont aussi liées aux projections psychologiques que je fais sur la dite situation où je suis toujours en interrelation avec d'autres frères en humanité.
"Bonnes" ou "mauvaises", je suis assez sceptique sur cette manière de distinguer mes émotions. Un peu comme si toute chose était tranchée en oui/non, noir/blanc... C'est une manière de voir le monde très judéo-chrétienne et occidentale. Si je prends l'exemple de la colère et du sport, elle n'engendre pas forcement la contre-performance. Ainsi, j'ai réalisé mon meilleur chrono sur semi-marathon l'année dernière sous une pluie battante et avec un fort vent de face. Pendant tout l'échauffement, je pleurais sur le mauvais sort jeté par cette météo néfaste. Je m'étais entraîné dur et cette compét. c'était un objectif et je l'avais affiché auprès du coach et des copains du club. Je me disais, voilà c'est fichu, pourquoi courir ? Et puis arrivé sur la ligne de départ, la moutarde me monte au nez. Je mets en colère contre moi-même et au milieu des potes, je commence à gueuler "arrête de pleurer espèce de con. Personne t'a obligé à venir. Si tu veux pas courir rentres chez toi sinon tu fermes ta gueule et tu y vas sans te poser de question." Au coup de feu du starter, je suis parti à fond les manettes et j'ai même oublié la pluie et le vent, un peu comme s'ils n'existaient pas. Et ce pétage de plombs est devenu un joke au sein du club.
De plus, selon qui tu es, un homme ou une femme, et selon d'où tu viens et ton identité la manière de vivre tes émotions est singulière. Si je reste toujours dans le domaine du sport et du rugby à 15, j'adore les joueurs du Pacifique, les Maoris, les Samoans pour leur cool attitude, leur joie de vivre, de jouer. Toujours créer, toujours aller de l'avant. Pas prise de tête comme les Français qui se montent le bourrichon pour un pet de travers. Comme quoi ce qui est positif pour les uns peut être une faiblesse pour les autres.
Au taf, commençons par rappeler que nous avons un lien de subordination avec l'entreprise. Et que le management c'est une norme de gestion de la performance financière. Comme dirait quelqu'un que je connais, attendre la reconnaissance de l'entreprise "c'est se mettre au minimum le doigt dans l'œil."
Mais comme l'entreprise c'est un groupe humain au labeur, somme toute, les émotions jouent un rôle au travail. Et l'animateur avisé d'une équipe doit tenir compte de cet aspect important du travail.
Merci Pierre-Antoine, pour ton billet. En effet, les émotions de chacun dépendent d'un mélange complexe et subtil de sensibilité, de culture, d'histoire, de personnalité, d'expériences, de réactions à des situations vécues... Les "apprivoiser" est difficile, car elles font partie intégrante de nous-mêmes, et dépassent bien souvent notre propre conscience. C'est justement ce qui fait toute la richesse... et la complexité des relations humaines...
la PNL peut servir